L’un des doctorants du Laboratoire Théories du Politique (Labtop) de l’université Paris 8, actuellement post-doctorant au CRESPPA,
Samuel Hayat vient de recevoir le prix Aguirre-Basualdo en Droit et
Sciences politiques de la Chancellerie des Universités de Paris pour sa
thèse sur "’Au nom du peuple français’, la représentation politique en
question autour de la révolution de 1848" (soutenue le 7 décembre 2011).
Résumé de la thèse de Samuel Hayat :
« Au nom du peuple français », la représentation politique en question autour de la révolution de 1848.
Thèse pour le doctorat de science politique, Université
Paris 8, sous la direction de Bertrand Guillarme - 702 p. + 186 p.
d’annexes.
Thèse soutenue le 7 décembre 2011 devant un jury composé
de : Yves Déloye (rapporteur), Bertrand Guillarme (directeur de thèse),
Bernard Manin, Frédérique Matonti (rapporteuse), Michèle Riot-Sarcey,
Yves Sintomer (président du jury). Mention : Très honorable avec les
félicitations du jury (à l’unanimité).
Sous la Restauration, le mouvement libéral invente une
forme politique nouvelle, le gouvernement représentatif. Après la
révolution de 1830, sous la monarchie de Juillet, sa mise en œuvre fait
naître parmi les mouvements ouvrier et républicain en construction des
usages inclusifs de la représentation politique, visant l’émancipation
des représentés par l’association, en opposition avec ceux du
gouvernement représentatif, qui reposent sur l’usage exclusif de la
représentation comme moyen de gouvernement. La révolution de février
1848 ouvre une période où coexistent plusieurs institutions de
représentation du peuple : le Gouvernement provisoire, la Garde
nationale, le mouvement clubiste et la Commission de gouvernement pour
les travailleurs. S’appuyant sur les usages ouvriers et républicains de
la représentation, la réalisation de leur mandat suppose la
participation des représentés. Ce système est mis à l’épreuve au cours
des journées du 17 mars, du 16 avril et du 15 mai ; chaque fois, la
question de la représentation politique est au centre des affrontements
sur l’interprétation de ces événements. Les antagonismes qui se révèlent
alors aboutissent à la constitution progressive de deux conceptions de
la République, la République modérée et la République démocratique et
sociale, fondées sur des usages distincts de la représentation
politique. Elles s’affrontent au cours de l’insurrection de juin 1848,
et la victoire des modérés condamne la République démocratique et
sociale à l’oubli. Cette expérience n’est néanmoins pas perdue : après
juin 1848, elle est théorisée par Pierre-Joseph Proudhon, pour devenir
un des fondements du socialisme démocratique contemporain.